Développer ses stratégies mentales
Développer ses stratégies mentales pour quelles raisons ?
(Temps de lecture : 8 mn)
Introduction
Vous est-il déjà arrivé de prendre une bonne décision alors que celle-ci n’avait pourtant pas été le fruit d’une longue réflexion ? Ou vous arrive-t-il d’imaginer que vous vous appropriez une compétence que vous enviez à un proche, comme celle de pouvoir vous enthousiasmer facilement ?
Si tel est le cas, il est probable que le thème des stratégies mentales vous intéresse, par simple curiosité intellectuelle ou par envie d’apprivoiser vos propres stratégies pour que cela vous serve au quotidien, avec comme première question :
À quoi les stratégies peuvent-elles bien nous servir et en quoi est-ce utile de les porter à notre conscience ?
La réponse est, qu’inhérentes au fonctionnement de notre esprit, les stratégies mentales nous sont indispensables pour nous amener d’un point de départ à un point d’arrivée (objectif).
Il peut donc être intéressant de découvrir ces stratégies pour atteindre nos objectifs avec plus d’efficacité et de satisfaction.
De voir en quoi les porter à notre conscience peut être utile pour mieux nous comprendre et améliorer nos performances.
La démarche consiste donc à comprendre nos principales stratégies (de motivation, de créativité, de décision, de mémorisation et d’apprentissage) et de les envisager en tant que forces intérieures parfois insoupçonnées afin, éventuellement, de les développer ou d’en saisir les principes, et d’en faire aussi profiter notre entourage.
Qu'entend-on par stratégies mentales ?
On peut les définir comme un processus séquentiel (par étape), mental et comportemental qu’une personne réalise en vue d’atteindre un but (ou un état désiré).
Elles se composent en partie de représentations mentales sensorielles (informations de nos cinq sens : le visuel, l’auditif, le kinesthésique, l’olfactif, le gustatif) et d’un objectif qu’on atteint par le biais de ces systèmes de représentation, et de façon séquentielle.
Ainsi, dans notre stratégie de motivation, nous mettons en place des représentations sensorielles dans une séquence précise. Ce sont comme des « images » – et autres informations sensorielles – que notre cerveau va capter et créer selon une stratégie.
Toute la journée, ces systèmes de représentation sont actifs. Outre les images que nous percevons, nous créons, inconsciemment, des représentations d’images remémorées ou imaginées. Et il en est de même pour les autres systèmes sensoriels : nous entendons et émettons des sons, nous éprouvons des sensations dans l’immédiateté, dont nous nous souvenons. Il en va de même pour les goûts et les parfums.
De la sorte, nous mettons en place de manière consciente ou inconsciente des stratégies efficaces suscitées par un déclencheur : ce peut être par exemple la visualisation de notre objectif futur une fois atteint, combiné au ressenti positif associé à cette réalisation. Ce déclencheur peut aussi très bien être la projection d’un ressenti « négatif » face à l’éventualité d’un objectif « non atteint » (*).
Prenons l’exemple d’une stratégie destinée à mettre en place une organisation pour ne pas arriver en retard ou bien être ponctuel. Le déclencheur pourra être aussi bien le ressenti négatif remémoré (appel à un souvenir) du résultat d’un manque d’organisation, ou le ressenti positif lié au souvenir des jours où nous sommes arrivés à l’heure en toute sérénité.
Dans notre esprit, une séquence de représentations mentales va alors se déclencher afin de nous permettre d’atteindre notre objectif visualisé (visualisation ou imagerie mentale). La stratégie efficace se terminant par un ressenti positif, en l’occurrence celui que procure la validation de l’objectif atteint. Nous pouvons avoir envie de temps à autre d’observer, comprendre et améliorer certaines de nos stratégies, le premier pas consistant à les porter à notre conscience.
Modélisation de stratégies de références
Pour améliorer nos stratégies, nous pouvons suivre ou nous inspirer d’un modèle de référence ou « d’excellence ». Nous pouvons aussi porter à notre conscience nos propres stratégies efficaces et nous entraîner à les reproduire. Pour cela, il convient de décrypter et « modéliser » la stratégie en question.
La modélisation a été à l’origine de la Programmation Neurolinguistique (PNL), discipline née à l’Université de Santa Cruz dans les années 1960-70. Ses fondateurs, Richard Bendler et John Grinder, ont modélisé – notamment pour leurs remarquables stratégies d’excellence – des thérapeutes (*) renommés comme :
Virginia Satir, pour ses stratégies d’enseignement de l’approche de la thérapie familiale et son art de poser les bonnes questions ou méta modèle linguistique, lesquelles sont au programme des formations PNL dispensées aux coachs et thérapeutes et à toute personne désireuse d’acquérir des compétences d’écoute active renforcées ;
Milton Erickson, pour sa capacité d’autohypnose et son enseignement de l’hypnose moderne et sa sensibilisation au pouvoir du présupposé que « toute personne possède des capacités auto réparatrices » ;
Fritz Perls, pour son fameux « cadre comme si ». Lorsque nous imaginons notre objectif atteint, nous créons une image mentale, puis pouvons naturellement nous imaginer dans la scène, exactement comme si nous la vivions ; notre cerveau crée alors de nouvelles connections neuronales – comme démontré par les recherches en neurosciences, lesquelles conduiront in fine à modifier notre perception de la situation future.
C’est ainsi que les fondateurs et les figures de proue de la PNL, parmi lesquelles Robert Dilts (*), ont eu pour ambition de développer et transmettre des outils et techniques permettant de modéliser la partie d’excellence chez certains modèles de référence, en commençant par les trois personnes précitées.
La modélisation porte sur de multiples facettes de la personnalité, y compris les stratégies mentales, de sorte à pouvoir les reproduire à la demande.
"Mise à jour" d'une stratégie mentale
Mon parcours scolaire et universitaire devait sans doute passer par de fortes frustrations pour que mes futures activités professionnelles aient plus de sens.
Découvrir que je pouvais – comme tout un chacun – développer mes propres stratégies d’apprentissage et de mémorisation fut une révélation pour moi. Il aurait été si utile d’apprendre à l’enfant distraite que j’étais comment apprendre, et de quelle façon décrypter et développer ses propres stratégies de mémorisation.
Sans ce parcours un peu laborieux, je n’aurais probablement pas ressenti le même enthousiasme en découvrant les travaux de recherches de David Kolb (théoricien de l’éducation) sur l’apprentissage par l’expérience. Et je n’aurais sans doute pas eu le même plaisir à étudier les stratégies mentales sous l’angle de la PNL, et de les pratiquer lors de mes séances de coaching, pour en observer les bénéfices ressentis chez mes clients. Vous l’aurez compris, ma propre expérience aura mûri mon ambition à guider autrui et transmettre. Mais revenons aux stratégies…
Comment "mettre à jour" une stratégie mentale ?
S’il est plus facile de le faire avec l’assistance d’un praticien PNL (*), il est aussi possible d’en découvrir quelques aspects soi-même. Pour cela, il suffit de se poser les questions suivantes : « Qu’ai-je fait pour arriver à ce résultat ? Comment dois-je m’y prendre pour être efficace dans ce domaine précis ? Qu’est-ce qui fait la différence, quand est-ce efficace ?
Dès le plus jeune âge, nous disposons de stratégies redoutables. Nous pouvons aider nos enfants à en prendre conscience et les encourager à développer leurs forces en leur posant la question : « C’est incroyable que tu te souviennes de cela ! Comment t’y es-tu pris ? » et laisser le jeune trouver ses propres réponses.
Dans le cadre scolaire classique, nous apprenons des connaissances. D’autres écoles proposent en revanche d’apprendre à apprendre, et de devenir maître à bord, maître de nos propres apprentissages, grâce à des méthodes facilitantes, comme la gestion mentale transmise par Antoine de la Garanderie (*).
Quand créativité, motivation et décision sont au rendez-vous, avec Léonard de Vinci
La Programmation neurolinguistique met à la disposition de ses praticiens des techniques permettant de jouer avec, ou de capitaliser sur, ses propres stratégies. L’une d’entre elles, la Stratégie de créativité de Léonard de Vinci est un formidable exercice où le sujet se retrouve dans trois positions perceptuelles ce qui va réactiver ses forces de créativité, de décision et de motivation, afin que celles-ci atteignent un état d’excellence de sorte que la personne se sente à nouveau au meilleur d’elle-même et sache mieux se mobiliser dans les situations futures.
Avec comme corollaire vertueux des prises de conscience sur les capacités, les composantes des stratégies, et bien sûr sur LA différence qui fait toute la différence.
Ce que j’ai pu observer chez mes clients (même si cela est loin de constituer une étude de recherche), c’est que ces moments de stratégie efficace étaient liés à une intense concentration où l’être tout entier se focalise sur son monde intérieur, en ne laissant aucun espace aux pensées parasites comme celles liées aux croyances limitantes ; l’esprit est alors fortement guidé par une intuition presque surdimensionnée, puissamment focalisé sur le cap et aligné sur ses valeurs, avec le ressenti positif qui en découle. Ces états ne sont pas sans évoquer le « flow », décrit par le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi, bien connu aussi des religions et spiritualités orientales.
Ma pratique de la Stratégie de Léonard de Vinci, comme encore récemment avec un jeune chercheur en biologie, m’amène à observer les points communs de ces expériences, tout en notant les spécificités propres à chacune. J’ai aussi pu constater que ces stratégies mentales efficaces ou d’excellence étaient toujours accompagnées de postures spécifiques et de gestes symboliques, composantes de la stratégie elle-même, de son déclenchement à son achèvement, comme un claquement de doigt, un regard d’une intense concentration ou une forte expiration, symbolisant le caractère d’excellence ou de réussite.
Il me revient aussi à l’esprit une séance avec un jeune enfant, qui connaissait des difficultés scolaires en français, puis qui a finalement réalisé de nets progrès. J’observais ses mouvements oculaires lorsqu’il recherchait l’orthographe de mots complexes. Des remarques de type « Waouh ! Tu as fait d’incroyables progrès ! Comment fais-tu pour retenir l’orthographe de ces mots complexes ? » ont suscité chez lui une réflexion… et une prise de conscience. Après un léger temps de réflexion, il répondait : « C’est facile ; j’ai une image dans la tête. », ce qui soulignait le bénéfice des cours de gestion mentale dispensés à ce jeune élève.
(*) La PNL, Programmation Neurolinguistique, est un environnement de communication qui permet la découverte de soi et l’interaction avec le monde. Cette discipline est née dans les années 1960-70 en Californie, à l’Université de Santa Cruz, sous les influences de nombreux penseurs. Ses fondateurs l’ont lancée en modélisant des personnes ayant atteint un niveau d’excellence dans leur domaine, afin que leur expertise – notamment en communication – puisse être transmise et reproduite.
(*) Antoine Payen de La Garanderie (1920-2010), pédagogue français ayant développé des théories sur la gestion mentale en matière d'apprentissage, préconisa d’enseigner aux élèves les processus cognitifs en œuvre lors de l’acquisition du savoir. Cette méthode de gestion mentale est enseignée aux professeurs pour que ceux-ci transmettent ces principes à leurs élèves.
(*) Virginia Satir (1916-1988) est une auteure, psychothérapeute et formatrice de thérapeutes familiaux américaine, reconnue par nombre de ses confrères, particulièrement pour son approche de la thérapie familiale et son charisme. La PNL lui doit ce qu’elle a nommé le Méta Modèle Linguistique, aussi appelé l’art de poser les questions, largement enseigné dans les écoles de PNL et dont le bénéfice n’est plus à démontrer.
(*) Milton H. Erickson (1901-1980), psychiatre et psychologue renommé pour l’hypnose médicale, a été notamment modélisé pour sa conviction que le patient possède en lui toutes les ressources qui lui permettent de répondre de manière appropriée aux situations ; il s’agit, dans l’accompagnement thérapeutique, de l’aider à utiliser ses propres compétences et possibilités d’adaptation.
Grâce à la gestion mentale et quelques « prédictions créatrices » pour leur donner confiance en eux, les enfants développent une stratégie de mémorisation redoutable sous forme de jeu. Transmettre, au-delà des connaissances, des clefs d’accès aux connaissances, c’est selon moi donner aux enfants la possibilité de développer leurs propres stratégies d’apprentissage en prenant en compte ce qu’ils ont de spécifique.
Privé de ces clefs d’accès, c’est comme si l’enfant devait trouver un objet dans une maison de dix pièces sans avoir la moindre indication sur l’étage ou bien la pièce où chercher cet objet.
Vers plus d'autonomie, d'efficacité et plus de bien-être
Accéder à ses propres stratégies mentales ne nécessite pas d’étudier cette discipline. Il est possible d’y arriver sous forme de jeux et par l’observation. Il suffit parfois, en effet, d’un simple geste, d’un mot ou d’une image mentale que l’on remarque de manière simple et accessible et qui nous renseigne sur l’une de nos capacités.
Être présent à soi ou présent à l’autre, observer ou calibrer (*) va nous permettre de nous ouvrir l’accès à ces petits bouts de génie que nous avons tous en nous, à nous reconnecter à ces moments magiques de notre vie où nous avons été particulièrement en phase avec une de nos ressources comme la créativité, la motivation ou la capacité à prendre de bonnes décisions.
Accéder à une meilleure connaissance de soi – et des autres – permet d’évoluer en meilleure harmonie avec soi-même et son entourage et ouvre la voie vers plus d’assurance, d’autonomie et d’efficacité, plus de bien-être. La lecture de cet article aura peut-être permis de semer quelques graines en vous, de vous inspirer quelques idées et réflexions, voire de créer un déclic. N’hésitez pas à m’en faire part !
Christine Dougoud, www.espaceconfiance.com
Article republié le 22/9/2023
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(*) Fritz Perls (1893-1970), fondateur de la Gestalt Thérapie dont la pratique a été modélisée notamment pour le fameux « cadre comme si », où la personne va s’imaginer son objectif atteint et en train de jouer la scène exactement comme si elle s’y trouvait, libérant ainsi les freins et créant – comme nous l’enseignent les neurosciences – de nouvelles connexions neuronales qui amènent la personne à modifier sa perception de la situation à venir et, en quelque sorte, à changer sa réalité.
(*) Robert Dilts est un auteur, formateur et consultant américain travaillant dans le domaine de la programmation neurolinguistique depuis sa création, dans les années 70. Sa contribution dans le domaine de la PNL est phénoménale.
(*) Richard Bendler a, après des études en mathématiques, philosophie et psychologie, rencontré John Grinder à l'université de Santa Cruz (Californie) en 1972, alors qu’il préparait un doctorat en psychologie. Ensemble, ils étudient et mettent au point la modélisation de thérapeutes de génie tels que Fritz Perls, Virginia Satir, Gregory Bateson et Milton Erikson, co-inventent la programmation neurolinguistique, puis il crée l'ingénierie conceptuelle du génie humain.
(*) John Grinder, docteur en linguistique et professeur à l'Université de Californie à Santa Cruz, a acquis une expérience scientifique au laboratoire de psychologie cognitive de George Miller, où il a été maître de recherches à l'université Rockefeller de New-York. Il est, avec Richard Bendler, le cofondateur de la PNL.
(*) Réactivation : technique utilisée en thérapie et en coaching qui consiste à amener le sujet à revivre un moment clef pour lui permettre de raviver en lui certaines ressources, stratégies et ressentis, comme la confiance en soi, la motivation, le bien-être.
(*) Calibrer : être attentif à l'autre, au delà des mots qu'il exprime, notamment à son langage non verbal